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Annie Adiogo, fondatrice de Glim Africa : « Nous voulons devenir la Marque N°1 des Produits Alimentaires Africains ».

Annie Adiogo, la fondatrice de Glim Africa et promotrice de la marque Sunnali, entend se hisser au sommet du continent avec notamment la graine de Niébé qu’elle propose sous forme de semoule, de bouillie et de farine. 

 

Bonjour Annie Adiogo, vous êtes la fondatrice de l’entreprise agroalimentaire GLIM AFRICA.  Pourquoi avez choisir d’entreprendre particulièrement dans le secteur de l’agroalimentaire ?

De base je suis une ingénieure agroalimentaire. J'ai fait une formation en ingénierie agroalimentaire en France et j'ai un BAC +6 en expertise en innovation alimentaire. Avant de de lancer mon entreprise agroalimentaire, j'avais fait mon mémoire de fin d'études sur la réalisation de pâtes alimentaires. C’est d’ailleurs l’un des premiers produits que nous avons fabriqués à partir du Niébé. 

J'ai également un titre d'expert en innovation alimentaire de l’école Agro-ParisTech. Et Avant de faire cette expertise, j'avais déjà travaillé comme manager d'équipe en industrie agroalimentaire en France, dans les épices chez Ducros et dans le chocolat chez Poulain.

 

Chez Glim Africa, vous avez choisi de vous spécialiser sur le Niébé , plus connu chez nous comme les graines de koki. Pourquoi le Niébé ?

J'avais envie de voir comment on pouvait faire plus avec ce que nous avons localement.  On a une connaissance basée uniquement sur les usages traditionnels du Niébé et mon envie c'était de pouvoir explorer les potentialités culinaires qu'on pouvait avoir avec le Niébé, et surtout l'intégrer dans une vision plus moderne de notre alimentation, plus contemporaine. La première chose que les gens nous disent, c'est qu'ils ne savaient même pas qu'on pouvait faire autre chose avec le Koki.

Je trouvais que notre alimentation manquait de variété. Je voulais aussi mettre mieux en valeur les graines d'Afrique qui ont un haut potentiel en matière de nutrition. Et il s'avère que le Niébé non seulement à de très bonnes qualités nutritives, parce qu'il est riche en protéines végétales, mais il a aussi de bonnes qualités au niveau de l'environnement. C'est une graine qui nourrit les sols, qui fixe l'azote dans les sols, et dont la culture nécessite très peu d'eau. Le Niébé aujourd'hui est considéré comme l'un des 50 aliments du futur de la planète.

 

Comment est structurée votre entreprise ? Vous avez une grosse chaine de production ?

A Glim Africa actuellement nous sommes trois personnes à plein temps. Notre effectif dépend des saisons. Nous avons  plus d'effectif pendant la saison du Niébé, autour de décembre et janvier. Mais lorsqu'on est en phase de promotion, nous sommes est en équipe plus réduite. 

Nous n’importons rien pour la fabrication de nos produits. Notre seul intrant c'est le la graine de Niébé et nous gérons nous-même tout le processus pour arriver à notre produit final.

 

En quoi est-ce que votre marque Sunnali se démarque-t-elle sur le marché?

Avec Sunnali, nous voulons d'abord promouvoir le local et montrer que le local a un potentiel. Il y a déjà ces valeurs du local qui sont très importantes. Et le Niébé, c'est une façon pour moi, de réaliser cette vision et cette mission que je me suis donnée. Maintenant, ce que nous mettons en avant, c’est l’apport en protéines qui est une caractéristique de ce type de graines. Le Niébé a un double apport en protéine par rapport au blé et même au riz qui sont des céréales.

 

Quels sont vos arguments pour convaincre des consommateurs habitués à consommer du couscous ou de la farine de  blé  à essayer le couscous du Niébé que vous produisez aujourd’hui ?

Aujourd’hui  les jeunes ils veulent manger des burgers et tout ça, et puis finalement ils se retrouvent avec une alimentation très concentrée autour du blé. De pouvoir aussi proposer le Niébé sous ces formes, ça permet de varier en gardant l'esprit de plat gourmand ou tendance qu'ils vont souvent rechercher. Nous proposons la semoule (couscous) parce qu’il y a une faute de consommation de pâtes et de riz. La semoule est un peu moins consommée, mais justement on veut pousser cette consommation. Notre démarche est d’encourager la population à s'ouvrir à plus de variétés dans leur alimentation. Aujourd'hui tout nutritionniste vous dira que la meilleure alimentation c'est de manger varié. Il faut prendre tout ce que la nature nous propose si vous ne faites pas d’allergie. Le Niébé c'est une variété de produits qu'on appelle les légumineuses. Les légumineuses sont souvent difficiles à travailler mais nous l’avons fait afin de bénéficier de leurs vertus. 

 

Pensez-vous à une industrialisation de la spécialité ?

Il y a une filière qui est le Niébé et qui est en train de se développer. Il y a également beaucoup de pertes, parce que la conservation du Niébé n'est pas évidente. Donc il faut développer cette filière et l'industrialiser. Créer des emplois, et en plus améliorer notre alimentation. Si on arrive à nous déployer comme il faut, les cinq prochaines années, on sera heureux de servir notre pays.

 

C’est quoi la vision que vous avez pour votre entreprise Glim Africa et votre marque Sunnali sur les cinq prochaines années ?

Sur les cinq prochaines années, nous voulons devenir la première marque de produits alimentaires africains. Parce que je trouve qu'il n'y en a pas vraiment, des marques de produits alimentaires africains de renom. Aujourd'hui si on demande à quelqu'un de citer une marque d’agroalimentaire locale, il y’en aura vraiment qui auront beaucoup de mal. C'est vrai qu'il y a peut-être Tanty qui est un peu connu.

Nous on veut s'ancrer en tant que marque en nous basant sur des valeurs fortes. On veut être une marque connue pour sa qualité, pour sa rigueur, parce qu'il y a eu beaucoup de travail qui a été mené pour pouvoir arriver à ces produits. On met en avant le fait qu'on est ancré dans notre présent. On connaît les problématiques actuelles qui sont les problématiques de durable, d'import substitution, et on entre pleinement dans cette démarche-là. Donc pouvoir mettre en valeur ce travail et notre identité, tout ce qui fait la particularité de ce projet.

 

Vous avez prévu d’aller vers d'autres produits que Sunnali pour les cinq prochaines années ?

Pour l'instant non. Nous voulons surtout développer des applications pour que les gens apprennent à consommer nos produits. On va continuer, dans ce sens. Nous avons prévu de relancer les pâtes en 2025. C’était le tout premier produit queous avons lancé. Nous l’avions d'abord mis de côté, mais on prévoit de le relancer. En attentant, on continue de faire connaître des recettes, des façons de cuisiner, de consommer nos produits.

Après si on a d'autres opportunités, d'autres idées, l'équipe s'agrandit, tout est possible. Mais pour moi aujourd'hui, je pense que le but n'est pas de multiplier les produits, parce que j'ai l'impression que le Made in Cameroun se perd aussi au fait de démultiplier les produits, et les gens sont un peu perdus. Donc même quand ils voient votre produit, ils disent « Oh oui, c'est les trucs Made in Cameroon ». Ça ne rentre pas dans la catégorie « c'est la farine de Niébé ! ». C'est un peu un folklore,  « c’est l'artisanat, les gens qui s'amusent… » Mais non. Ce n’est pas de l'artisanat, ce ne sont pas des gens qui s'amusent, c'est des gens qui ont une vision et qui veulent que, non seulement nos pays évoluent, se développent, dans cette filière qui n'est pas exploitée.

 

Merci Annie Adiogo.

 

Interview réalisée par Minette Lontsie, Tatiana Kuessie et Miguel Ngawoung

 

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Okono
2025-04-07 11:14:58

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2025-04-07 11:15:20

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